Réseau de recherche sur les politiques sociales du Nouveau-Brunswick

Un gouvernement ouvert à tous les niveaux


(Texte écrit par Pascale Paulin et paru dans l’Étoile – 30 novembre 2016)

Au moment où je vous écris ces lignes, mon cerveau est encore en train de mettre de l’ordre dans tous les informations qu’il a emmagasinées durant la conférence GovMaker 2016 qui s’est tenu à Fredericton les 21 et 22 novembre dernier.

GovMaker a été, cette année, un beau mélange de discussion sur la notion de « gouvernement ouvert » et de laboratoires d’innovation sociale. Ça peut sembler un peu étrange mais au fond, les deux éléments visent à solutionner des problèmes complexes par des nouvelles approches.

Vous avez peut-être déjà entendu parlé de données ouvertes. Tout ça se retrouve dans le même mouvement d’innovation. Quand on parle de données ouvertes, on fait référence à toutes ces données qui sont compilés par tous les niveaux de gouvernement. On les veut ouvertes pour qu’elles permettent de solutionner des problèmes et parfois, par le fait même, qu’elles permettent de créer de la richesse.

Je vous donne un exemple. Durant GovMaker, nous avons pu assister aux présentations de 4 groupes d’étudiants qui ont utilisé des données fournies par des municipalités ou certains ministères provinciaux. Ils ont raffiné leur recherche sur une problématique qui les intéressaient pour arriver à tirer des conclusions.

Un des sujets était l’occurrence d’accidents graves impliquant des piétons ou des cyclistes à Fredericton. Les deux participantes ont pu nous montrer assez précisément les zones à risque dans la ville et émettre des idées sur les causes.

Un autre projet nous a présenté les lieux et la fréquence d’occurrence des accidents impliquant des chevreuils ou des orignaux sur les routes du Nouveau-Brunswick. À la fois intéressant et effrayant.

À quoi sert ce genre de réflexion ? À prendre des décisions éclairées basées sur des données et non sur des impressions.  Les équipes qui nous ont présentés leur recherche ont dû déterminer leur sujet selon les données dont ils disposaient. Mais ils nous ont démontré la portée de ce que nous offraient les données ouvertes.

Ce que j’aime de cette approche, c’est qu’elle peut aussi bien servir aux administrations gouvernementales, qu’aux entrepreneurs ou au secteur communautaire. Elle apporte une composante d’efficacité importante.

Mais pour arriver à pouvoir utiliser ces données, il est nécessaire que tous les paliers de gouvernement comprennent de quoi il s’agit, acceptent de partager leurs données et comprennent COMMENT les organiser pour qu’elles deviennent une ressource intéressante.

Il y a là un certain débat philosophique. Depuis des lustres, nos gouvernements amassent des informations sur une panoplie de sujets : autant les occurrences de collisions entre voitures et orignaux que sur l’utilisation de nos hôpitaux par les citoyens de la province.

Il est donc important de bien baliser le partage de données. Mais il est clair pour moi que les gens qui soutiennent ce mouvement cherchent à avoir accès ou à donner accès à des informations qui permettent de régler des problèmes systémiques ou de développer des services qui peuvent répondre à des besoins importants ou qui peuvent nous faciliter la vie. Ce ne sont pas mon nom et mon adresse qui les intéressent.

Le gouvernement du Canada a une initiative en place pour favoriser le partage de données. Vous pouvez voir de quoi ça a l’air sur www.ouvert.canada.ca  Il existe une section qui explique en détails ce que sont les données ouvertes, comment on peut s’en servir mais également les objectifs que cherchent à atteindre le Canada dans ce domaine.

Du côté du gouvernement du Nouveau-Brunswick, le travail est également en marche. La politique sur les données ouvertes du Nouveau-Brunswick a été mise en place en avril dernier. Ça commence.

La notion de base de ces efforts est de déclarer que nos gouvernements seront « ouverts par défaut », c’est-à-dire que le premier réflexe de nos appareils publics est de considérer que les données doivent être rendues disponibles pour les citoyens.

Ça peut sembler très loin de nous, mais prendre ce genre de mouvement devrait nous mener vers des gouvernements ouverts non seulement au plan des données mais aussi dans ses relations avec les citoyens. Musique à mes oreilles. Pourrait-on arriver à en finir avec une culture de décisions prises derrières des portes closes ou d’un lobbying au profit des mieux nantis qui oublie les besoins des citoyens ?

Quand on met dans cette équation la pratique des laboratoires d’innovation sociale qui veulent apporter un éclairage différent sur des problématiques complexes (pauvreté, égalité entre les sexes, questions environnementales, etc.), il me semble qu’on commence à voir se dessiner une véritable possibilité de changement dans les façons de diriger nos municipalités, notre province et notre pays.

Il faudra par contre que nous, citoyens, apprenions aussi à faire appel à ces informations dans nos relations avec nos gouvernements et que nous acceptions une nouvelle approche dans le traitement de l’information.

Pour mieux comprendre vers quoi nous pouvons tendre avec des gouvernements ouverts, aller sur YouTube et faites une recherche avec les mots « CBC Code Kids ». Ça sera 45 minutes très bien investies. Vous y verrez le nouvel entrepreneur en résidence en chef de la province, David Alston, et René Boudreau, fonctionnaire provincial, qui vont vous faire découvrir pourquoi nos enfants doivent apprendre le codage informatique mais vous comprendrez aussi ce qu’un gouvernement ouvert peut devenir.

J’ai vu ce documentaire pour la première fois à l’été 2014. J’ai eu un choc. Le reste, c’est mon histoire d’amour avec ce mouvement.

Maintenant, j’en veux plus et surtout, je veux que ma communauté francophone embarque. Il y a, dans ce mouvement, une capacité de faire progresser notre communauté, de combattre le cynisme et même, de créer de la richesse. Mais pour ça, il faut y être, il faut participer.


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