Réseau de recherche sur les politiques sociales du Nouveau-Brunswick

Nathan Thompson


IMG_9500-11) Quel poste occupez-vous présentement et quel est votre titre officiel?

Je suis candidat au doctorat au département de sociologie (UNB) et chargé de cours à temps partiel au Renaissance College (UNB).

2) Quelle formation avez-vous reçue?

J’ai obtenu un B. Sc. et un B. Ed. à l’UNB puis j’ai fait une maîtrise à University of Toronto en sociologie et étude de l’équité. J’ai satisfaitaux exigences du programme de doctorat de University of Toronto avant d’être transféré au département de sociologie de l’UNB où j’écris actuellement ma thèse de doctorat.

3) Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel. D’où vient votre passion pour la recherche ou le travail que vous faites et comment s’est-elle développée?

J’ai grandi dans la région, mais j’ai toujours eu une relation assez complexe avec le Nouveau-Brunswick. C’est une belle province, où j’ai rencontré certaines des personnes les plus gentilles et les plus chaleureuses que je connaisse, mais il est difficile d’y vivre si vous faites partie d’un groupe minoritaire ou marginalisé. Lorsque j’ai terminé mon baccalauréat en éducation à l’UNB, je savais que je voulais en apprendre davantage sur l’inégalité et son fonctionnement dans la société. J’ai été témoin de beaucoup de comportements homophobes, racistes et misogynes dans les écoles qui étaient adoptés à la fois par les étudiants et les enseignants et je me suis toujours senti impuissant face à ces comportements J’ai découvert le Mark S. Bonham Centre for Sexuality Studies à University of Toronto ainsi que le programme en sociologie et étude de l’équité à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario et j’ai décidé de poser ma candidature pour entreprendre un programme d’études supérieures qui me permettrait d’être mieux outillé pour comprendre la marginalisation et l’inégalité sociale afin qu’un jour je puisse revenir au Nouveau-Brunswick avec de nouvelles connaissances et de nouveaux outils pour faire de la province un meilleur endroit où vivre pour les populations minoritaires et marginalisées. Mon travail et tout ce que je fais découlent de ce désir de rendre le monde meilleur. Cela peut paraître un peu cliché, mais c’est la vérité. Je cherche toujours des façons de tirer profit de la sociologie; rendre la recherche sociologique applicable et pertinente aux problèmes et enjeux réels du monde en ce qui concerne l’inégalité sociale.

4) Parlez-nous d’un ou deux de vos projets actuels.

Dernièrement, j’ai terminé mon projet de doctorat pour lequel je collaborais avec de jeunes GLBTQ afin de créer un jeu vidéo qui aborde les enjeux auxquels ils sont confrontés en tant que jeunes GLBTQ au Nouveau-Brunswick. Le jeu vient tout juste d’être présenté à la Different Games Conference qui a eu lieu dans la ville de New York la fin de semaine dernière. Il a été bien reçu par les personnes qui l’ont essayé. De fait, nous avons demandé à un groupe d’étudiants de l’UNB de jouer au jeu et plusieurs ont mentionné les répercussions que le jeu a eu sur leur compréhension des expériences des GLBTQ; le jeu les a rendus plus empathiques. Le jeu a un impact sur les personnes qui y jouent, et le processus de conception du jeu a permis de rassembler des jeunes de la région locale pour discuter des enjeux des GLBTQ avec d’autres personnes comme eux, ce qui a eu un effet positif sur leur vie. Ils ont discuté du fait qu’il y a très peu de possibilités pour eux de se rassembler avec d’autres GLBTQ au Nouveau-Brunswick, surtout pour les personnes qui vivent dans de petites villes ou collectivités. Les rencontres de groupe leur offraient cette possibilité qui, à mon avis, manque énormément dans notre ville et province.

5) Comment vos recherches ou votre travail peuvent-ils contribuer, selon vous, à l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes?

Je m’intéresse à l’organisation locale et à la recherche participative – les membres de la collectivité se réunissent pour aborder des problèmes qui les affectent, ils font eux-mêmes de la recherche, puis ils discutent de la façon dont ils pourraient utiliser cette recherche pour contribuer à la résolution des problèmes communautaires. Cependant, comme toutes les formes de recherche participative, l’objectif final est de tenter d’influencer les intervenants et les décideurs. Si les décideurs et les dirigeants communautaires jouent au jeu vidéo que mes participants ont conçu, ce serait merveilleux que cela ait un effet quelconque sur leur compréhension de la communauté GLBTQ. Actuellement, par exemple, la province du Nouveau-Brunswick ne répond pas de façon adéquate à l’accès aux soins de santé pour les personnes transgenres ni à l’éducation de la population néo-brunswickoise quant aux enjeux des GLBTQ. La défense des groupes minoritaires et marginalisés dans la province (pas seulement les personnes GLBTQ) devrait être une priorité plus importante. Les efforts déployés en matière d’émigration au Nouveau-Brunswick accusent souvent l’emploi et l’économie, mais il y a également des personnes qui quittent la province parce qu’elles ne se sentent pas acceptées ou par manque d’une communauté solide dans laquelle elles peuvent se sentir soutenues par rapport à leur sexualité, identité de genre, capacité ou identité raciale.

6) Décrivez-nous certaines de vos réalisations passées qui ont été importantes dans votre cheminement professionnel. Ont-elles contribué à promouvoir des politiques publiques fondées sur des données probantes?

Je ne sais pas trop comment répondre à cette question, mis à part le lancement du jeu vidéo qui a été conçu pour mon projet de doctorat. Le jeu vidéo vient tout juste d’être lancé, alors les effets possibles n’ont pas encore été observés.

7) Décrivez en quelques phrases comment vous avez participé aux activités du RRPSNB et comment votre relation avec le Réseau a contribué à votre travail ou à vos recherches et/ou aux politiques sociales/économiques.

J’ai eu quelques rencontres avec Nick Scott et il m’a énormément aidé en m’orientant vers des ressources locales fantastiques. Par exemple, certains de mes collègues et moi-même tentons d’obtenir un laboratoire de jeux opérationnel à l’UNB, qui aurait pour mandat, entre autres, l’étude des jeux en tant que propagateurs possibles de l’innovation sociale et du changement. Nick nous a donné d’excellents conseils sur la façon de créer un « plan d’affaires » pour présenter le projet aux autres, en plus des noms des personnes qui pourraient être intéressées par notre plan. Le laboratoire fonctionnerait comme un centre de recherche sur les jeux au Canada atlantique et créerait un lien entre la recherche universitaire, l’industrie et la collectivité. Le laboratoire est toujours un projet en construction, mais nous aimerions obtenir du financement bientôt!

8) Auriez-vous quelque chose à ajouter, un mot de la fin?

Je pense avoir déjà parlé de certaines de ces choses plus haut comme mon expérience personnelle et ma relation avec le N.-B.. J’ai également abordé le fait de changer la façon de penser : « nous devons créer plus d’emplois pour maintenir la population au Nouveau-Brunswick » doit devenir « nous devons améliorer la diversité pour rendre notre province dynamique ». Il est rare de trouver des personnes qui considèrent que l’émigration de la province peut être causée par la situation sociale des personnes minoritaires ou marginalisées au Nouveau-Brunswick et qui réfléchissent à la façon dont cela peut influencer leur envie de rester ici et de contribuer en tant que citoyens efficaces et personnes ayant des expériences de vie uniques qui pourraient nous apporter beaucoup! Il semble y avoir une préoccupation importante à propos des jeunes qui quittent la province pour le travail sans considérer le fait que les jeunes personnes peuvent avoir le sentiment que la province est « en retard sur son époque » en ce qui concerne la résolution de problèmes qui les touchent personnellement et dont ils ont pleinement conscience. Par exemple, des statistiques récentes montrent que seulement 48 % des jeunes âgés de 13 à 20 ans s’identifient comme étant « exclusivement hétérosexuels ». Peut-être est-il temps que nos institutions et politiques reflètent cette démographie en évolution.


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