Réseau de recherche sur les politiques sociales du Nouveau-Brunswick

Viktor Freiman


Viktor Freiman Picture1) Quel poste occupez-vous présentement et quel est votre titre officiel?

Je suis professeur titulaire à l’Université de Moncton dans la Faculté des sciences de l’éducation au Département d’enseignement au primaire et de psychopédagogie.

2) Quelle formation avez-vous reçue?

BAC en enseignement de mathématiques au secondaire (1980, Russie, Moscou)

Maitrise en didactique des mathématiques (1982, Russie, Moscou)

Master of Teaching of Mathematics (2003, Canada, Montréal)

Doctorat en education (Ph. D., didactique de l’informatique, 1990, Russie, Moscou)

3) Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel. D’où vient votre passion pour la recherche ou le travail que vous faites et comment s’est-elle développée?

J’ai débuté ma carrière comme enseignant de mathématiques au secondaire en 1982 et je suis toujours passionné par de nouvelles façons d’enseigner (cet intérêt pour l’innovation est toujours maintenu). Entre 1983 et 1992, j’ai travaillé comme directeur des projets en informatique pour le ministère de l’Éducation de l’URSS à Moscou, étant responsable de bases des données statistiques (d’où l’intérêt pour l’usage de TIC par différents types d’utilisateurs). Depuis 1985, j’étais impliqué dans la mise en place de l’enseignement de l’informatique dans les écoles secondaires – nouvelle matière scolaire en Russie. Intéressé par la didactique de l’informatique, entre 1986 et 1990, j’ai fait mes études doctorales à l’Institut des recherches en méthodes et contenus d’enseignement de l’Académie des sciences pédagogiques. Après la soutenance de ma thèse, j’ai participé à une étude comparée entre la Russie et l’Allemagne portant sur l’enseignement scolaire. Depuis cette recherche, je m’intéresse au développement de systèmes éducatifs dans le monde, axé sur les réformes et nouvelles tendances (ceci a fait l’objet de ma recherche postdoctorale en Allemagne en 1993-1994). Mes deux dernières années en Russie (1992-1993), j’ai travaillé comme chercheur à l’Institut des recherches internationales en éducation à Moscou (l’un de mes projets était la participation à l’élaboration du nouveau programme fédéral de l’éducation en Russie).

Arrivé au Canada en 1993, j’ai travaillé dans une école privée à Montréal (enseignement de mathématiques et de l’informatique au primaire, 1995-2003). Je me suis alors impliqué dans une recherche-action portant sur l’enrichissement en mathématiques, en collaboration avec l’Université Concordia et l’UQAM. Je travaille à l’Université de Moncton comme professeur en didactique de mathématiques depuis 2003. Mes projets de recherche sont axée sur le développement du plein potentiel de chaque élève, y compris les élèves doués et talentueux, sur la résolution de problèmes, la créativité, l’intégration de TIC, l’innovation en enseignement – apprentissage et les compétences numériques. Je suis président de l’Association APTICA (Avancement pédagogique de TIC en Atlantique), une association qui aide à l’intégration de TIC dans différents milieux éducatifs depuis 2000. Je suis membre exécutif du Groupe canadien d’études en didactique de mathématiques depuis 2011. Je suis membre du comité international du Groupe sur la créativité mathématique et l’enseignement aux élèves doués (aussi impliqué depuis 2004 dans les groupes de travail aux congrès internationaux en enseignement de mathématiques (2004, 2008, 2012 et 2016). Je suis co-directeur d’une série de livres à Springer Mathematics Education in the Digital Era. Je m’intéresse également aux liens entre les mathématiques, les arts et les sciences (MACAS, Mathematics and its connection with the Arts and Science) – j’ai participé aux symposiums MACAS depuis 2005; étant co-organisteur en 2007, 2009 (aussi organisateur local – à Moncton) et co-organisateur en 2015.

4) Parlez-nous d’un ou deux de vos projets actuels.

Mes deux projets principaux sont :

L’élaboration d’une nouvelle ressource virtuelle en didactique des mathématiques intitulée Carrefour d’apprentissages mathématiques interactifs qui va intégrer les sites élaborés précédemment: CAMI (Communauté d’apprentissages multidisciplinaires interactifs, umoncton.ca/cami ) et Marathon Virtuel des Mathématiques (www8.umoncton.ca/umcm-mmv/). Les deux ressources proposent des problèmes riches et complexes qui s’adressent à tous les élèves, tiennent compte de leurs intérêts et de leurs besoins académiques, en leur offrant des défis de taille. La nouvelle ressource sera mise en ligne en septembre 2015 grâce au soutien de la Fondation de l’Innovation du Nouveau-Brunswick (programme d’assistanat de recherche, 2015-2016). En plus de proposer plusieurs nouveaux problèmes, nous allons y intégrer des vidéos qui expliqent comment résoudre les problèmes, ce qui va appuyer l’auto-formation en résolution de problèmes. De plus, nous comptons poursuivre notre collaboration avec nos collègues de France, experts en élaboration de ressources éducatives libres en ligne, ainsi qu’avec l’APTICA et l’Organisation internationale de Francophonie pour poursuivre la création de modules interactifs (problèmes et accompagnement didactique interactif); nous en avons déjà créé sept en 2014.

La direction du projet de développement du partenariat CompéTICA (Compétences en TIC en Atlantique, competi.ca). Le réseau CompéTICA est un partenariat stratégique pour comprendre l’écosystème, l’adaptabilité et le transfert de compétences numériques. Le partenariat développé à l’aide du réseau CompéTICA permettra de générer des données de recherche et des recommandations pratiques contribuant ainsi à une meilleure compréhension de concepts de transfert et d’adaptation dans un continuum de compétences numériques depuis le plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte. En plus, un nouveau modèle d’actions élaboré et mis en chantier dans les milieux de pratique créera de nouvelles occasions de partage d’expertises. Le projet est subventionné par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (2014-2017) et Fondation de l’Innovation du Nouveau-Brunswick (2015-2017).

5) Comment vos recherches ou votre travail peuvent-ils contribuer, selon vous, à l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes?

Le projet CompéTICA peut contribuer à l’élaboration de politiques publiques en matière de développement de compétences numériques chez toutes les citoyennes et tous les citoyens. Plusieurs éléments de ce projet de développement de partenariat peuvent contribuer directement ou indirectement à l’élaboration de politiques. Premièrement, le projet s’aligne avec l’initiative du gouvernement canadien Canada numérique 2.0 qui vise, entre autres, à offrir aux Canadiens ‘des possibilités d’acquérir les connaissances et les compétences en demande dans l’économie numérique, ce qui aidera à stimuler l’économie du Canada’ http://www.ic.gc.ca/eic/site/028.nsf/fra/accueil. De plus, le projet répond aux défis liés aux exigences de l’économie numérique, en demandant que toutes les personnes soient en mesure « de trouver, d’organiser, de comprendre, d’évaluer et de créer de l’information au moyen de la technologie numérique pour pouvoir fonctionner dans leur milieu de travail et dans la vie de tous les jours » selon le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (2010). Le besoin d’agir est donc urgent, car le même document on stipule qu’il s’agit d’une capacité dont un bon nombre de Canadiens ne disposent pas à l’heure actuelle, les empêchant de participer pleinement à l’économie numérique. Ceci semble être confirmé par les dernières données à l’échelle internationale analysées par l’OCDE qui nous informe que les provinces de l’Atlantique, à l’exception de la Nouvelle-Écosse, affichent des scores inférieurs aux autres régions du pays en matière d’habiletés de résoudre de problèmes dans les environnements technologiques riches (le constat est fait concernant les adultes de 16 à 64 ans. En identifiant la technologie comme outil indispensable pour l’innovation socio-économique, au Nouveau-Brunswick, plusieurs organismes gouvernementaux, des milieux d’affaires et les communautés travaillent pour aider au développement de ces compétences essentielles chez leur public cible, mais ils ont besoin de politiques plus concertées, basées sur les données probantes.

Afin d’aborder la problématique de façon systématique et concertée, l’équipe du projet s’est fixé des objectifs de développement d’un réseau de partenaires visant à (1) définir le continuum de compétences numériques en tenant compte de contextes variés de cycle de vie; (2) recenser les pratiques exemplaires de différents milieux éducatifs et de vie dans une perspective de continuum de compétences numériques; (3) élaborer et mettre en pratique des approches innovatrices de développement de compétences numériques transférables et adaptables et des outils de mesure de leur atteinte. Le projet prévoit une implication active et directe de nos partenaires qui proviennent de différents secteurs économiques, politiques et sociaux. Cette implication directe des décideurs dans le travail collaboratif permet de mieux cerner les besoins communs, identifier les experts et étudier les pratiques gagnantes, ce qui permettra aux chercheurs de préciser les problématiques, de définir les concepts clés et de réaliser des études sur le terrain pouvant fournir des données probantes et le faire cadrer avec le processus d’élaboration de politiques publiques.

6) Décrivez-nous certaines de vos réalisations passées qui ont été importantes dans votre cheminement professionnel. Ont-elles contribué à promouvoir des politiques publiques fondées sur des données probantes?

Pendant plusieurs années, j’ai participé à quelques recherches qui servaient à une promotion des politiques publiques fondées sur des données probantes. Sur le plan international, j’ai participé à une étude comparée entre l’Allemagne et le Canada portant sur les données PISA (2000) menée par l’Institut des recherches internationales en éducation à Francfort, Allemagne. Un chapitre portant sur le Nouveau-Brunswick a été ma contribution à l’étude. Toujours en lien avec l’étude PISA, au niveau pancanadien, j’ai participé, comme co-chercheur, à une étude initiée par le Conseil des ministres de l’éducation du Canada (en 2005-2006) portant sur les données PISA2003 en mathématiques. Mon rôle était, entre autres, d’analyser les items à réponse ouverte au sujet de possibles conceptions erronées (une mobilisation de mes expertises didactiques). J’ai également participé à un colloque à l’Université d’Ottawa en 2007 qui abordait la discussion de nos résultats avec les décideurs.

En 2010-2011, et en 2013-2014, j’ai participé à deux initiatives directement lités à l’élaboration et la promotion des politiques publiques fondées sur des données probantes: la première a été faite sur demande d’un ministère ontarien, Ministry of Child and Youth Services qui voulait s’appuyer sur les données probantes pour élaborer leur plan stratégique. Le titre de notre rapport est: Child and Youth Development beyond Age 6 – Transitions to Digitally Literate Adults. Le rapport a été diffusé en présence de représentant de différents organismes dont ceux de jeunesse. À son tour, le CRSH a initié une synthèse des connaissances sur le développement de compétences pour répondre aux besoins futurs du marché du travail canadien. Le titre de notre rapport est : Digital skills development for future needs of the Canadian labour market. En plus d’être diffusé lors d’une réunion avec divers organismes gouvernementaux et publiques intéressés par la recherche, il est placé en ligne avec un lien sur le site du CRSH et une vidéo sur une chaine YouTube.

Au niveau provincial, je faisais partie de l’équipe ADOP (Accès Direct à l’Ordinateur Portable) qui a piloté le projet au Nouveau-Brunswick en 2004-2006. Le rapport final a été présenté au ministère de l’Éducation. En 2007-2011, j’ai collaboré avec différentes écoles dans le cadre de l’initiative FIA (Fonds d’innovation d’apprentissage) aidant les enseignants et les décideurs à obtenir les données probantes permettant d’évaluer l’impact de ces initiatives. Deux de ces projets ont été présentés dans le cadre du Forum provincial sur les pratiques gagnantes en 2009.

7) Décrivez en quelques phrases comment vous avez participé aux activités du RRPSNB et comment votre relation avec le Réseau a contribué à votre travail ou à vos recherches et/ou aux politiques sociales/économiques.

Ma collaboration avec réseau a débuté en 2013-2014, alors qu’on préparait le projet CompéTICA. Une représentante du Réseau siège au comité des partenaires depuis le début du projet en avril 2014. En 2015, j’étais responsable local de l’organisation du Forum sur les politiques publiques du Nouveau-Brunswick 2015, qui a eu lieu le 27 avril 2015 à l’Université de Moncton. Cet évènement a donné un nouvel envol à notre collaboration en augmentant de façon significative les possibilités du réseautage, de la recherche de nouveaux partenaires et de la visibilité de nos projets.

8) Auriez-vous quelque chose à ajouter, un mot de la fin?

Au cours de ma vie et de ma carrière comme chercheur, je m’impliquais à un grand nombre d’initiatives mettant en valeur l’innovation en éducation dans une perspective globale et locale, systémique et comparée, axée sur des nouvelles technologies comme valeur ajoutée au développement de talents. Une approche collaborative avec différents partenaires, visant la production de données probantes pouvant alimenter l’élaboration de politiques publiques efficaces en demeure le fil conducteur.


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