Réseau de recherche sur les politiques sociales du Nouveau-Brunswick

Les données probantes ne suffisent pas


Il ne suffit pas de produire des recherches pour mettre en vigueur l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. Alors comment pouvons-nous créer un environnement dans lequel les données probantes seront comprises et appliquées aux débats et à l’élaboration de politiques?

Depuis la dernière année, je n’arrête pas de consulter en ligne ce livre gratuit : What Counts. Rédigé par un groupe d’auteurs, il abonde d’excellents exemples sur la façon dont les données (ouvertes, partagées et volumineuses) peuvent être utilisées par les organismes communautaires et les responsables des politiques pour provoquer le changement social.

L’un des chapitres les plus pertinents pour notre travail au Réseau de recherche sur les politiques sociales du Nouveau-Brunswick a été rédigé par Raphael Bostic, Ph. D., titulaire de la Judith and John Bedrosian Chair in Governance and the Public Enterprise à la Sol Price School of Public Policy de l’Université de la Californie du Sud. Son chapitre, intitulé « « Narrative » and « Vehicle »: Using Evidence to Inform Policy », commence par l’énumération des quatre rôles clés des données dans la prise de décision :

1) Définition du problème : Les données peuvent être utilisées pour attirer l’attention sur le problème précis que les responsables des politiques souhaitent résoudre;

2) Conception des options : Les données peuvent être utilisées pour définir l’ensemble d’interventions en matière de politique pouvant avoir des répercussions sur le problème;

3) Prévision : Les données peuvent être utilisées pour prédire la façon dont une intervention particulière en matière de politique est susceptible de changer les conditions sur le terrain si elle est réalisée dans un certain contexte;

4) Évaluation : Les données peuvent être analysées pour déterminer si une intervention particulière en matière de politique a aidé à améliorer la situation [traduction]. (Bostic)

Bostic soutient que l’« exposé des faits » et le « véhicule » jouent tous deux un rôle dans la création d’un environnement axé sur l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. Il écrit ce qui suit :

Même si les données probantes sont la condition préalable de l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, deux autres outils sont requis : un exposé des faits et un véhicule. Trop souvent, les données probantes sont présentées et rendues disponibles dans de longs documents universitaires qui attirent uniquement les chercheurs et les universitaires. Les responsables des politiques ont rarement la formation ou le temps nécessaire pour examiner ces documents et en assimiler complètement les résultats. Ils ont besoin d’un exposé des faits, c’est-à-dire un texte concis qui présente les données probantes d’une manière mémorable et intuitive. L’exposé des faits sert de distillation et de version abrégée des données probantes compilées et exprime les leçons tirées et les mesures à prendre. Les exposés des faits les plus efficaces expliquent clairement les données probantes à l’appui. Le texte, cependant, doit commencer par l’exposé des faits, non pas les données et les données probantes [traduction].

Une fois que les données, la recherche et les données probantes sont regroupées dans un exposé des faits, il faut encore le mettre à la disposition des destinataires appropriés. Il explique ce qui suit :

Un véhicule approprié pour transmettre l’exposé des faits est essentiel également pour mettre en œuvre de façon efficace des politiques fondées sur des données probantes. Nous avons tous lu un bon livre ou un bon récit en nous demandant à la fin pourquoi il n’avait pas attiré un plus grand nombre de lecteurs. Il est possible, entre autres, que l’auteur ou l’éditeur n’ait pas promu l’ouvrage de la façon la plus convaincante. Le défi peut être le même en ce qui concerne les données probantes et l’exposé des faits. Il ne suffit pas de publier d’importants résultats d’études dans des revues ou des publications universitaires. Lorsque le véhicule de l’exposé des faits ne figure pas sur l’écran radar des responsables des politiques, il est difficile d’appuyer les politiques sur des données probantes [traduction].

Selon M. Bostic, les chercheurs et les courtiers de connaissances doivent créer un exposé incontestable des faits et trouver le véhicule approprié. Notre rôle au Réseau de recherche sur les politiques sociales du Nouveau-Brunswick est de travailler avec les étudiants et les chercheurs universitaires pour créer une nouvelle version de leur recherche et la mettre sur l’écran radar des gens qui s’en serviront.

Un des moyens que nous utilisons à cette fin est le travail que nous accomplissons dans le cadre du festival et symposium DOCTalks, un festival et symposium de films documentaires qui réunit les chercheurs, les cinéastes, les responsables des politiques et les organismes communautaires pour réfléchir à des moyens créatifs de mobiliser les connaissances et d’élaborer un contenu inspiré pour l’enseignement et l’apprentissage.

Cela n’est toutefois qu’un exemple. Nous sommes toujours à la recherche d’autres moyens de stimuler l’engagement de nos membres et de susciter une plus grande utilisation des données probantes pour élaborer les politiques.

Nous voulons connaître votre opinion. À votre avis, comment pouvons-nous aider nos membres à créer un exposé des faits et un véhicule convaincants? Comment pouvons-nous vous appuyer, vous et votre équipe de recherche?


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