Réseau de recherche sur les politiques sociales du Nouveau-Brunswick

Mary Blatherwick


fr-mb1) Quel poste occupez-vous présentement et quel est votre titre officiel?

Mary Blatherwick, B.A., BFA, M.A., Ph. D., éducatrice en art visuel et en créativité à la Faculté d’éducation, University of New Brunswick.

2) Quelle formation avez-vous reçue?

Je possède un baccalauréat ès arts en éducation artistique et un baccalauréat en beaux-arts du Nova Scotia College of Art & Design (Collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse) d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, et une maîtrise ès arts en éducation artistique de la University of British Columbia (Université de la Colombie-Britannique) et un Ph. D. de la University of Roehampton (Université de Roehampton), Londres (Angleterre).

3) Parlez-nous un peu de votre parcours professionnel. D’où vient votre passion pour la recherche ou le travail que vous faites et comment s’est-elle développée?

Dans ma famille, on m’a toujours encouragée à consacrer ma vie à l’art. Lorsque j’étais adolescente, je donnais des cours d’art sur notre palier avant. C’est à cet âge que je me suis découvert une passion pour l’enseignement. Au cours de l’été précédant mon entrée à l’université, j’ai travaillé en tant que professeure d’art dans une clinique pour personnes ayant des troubles de la communication (ouïe et parole). Depuis, j’ai toujours eu une fascination pour la façon dont les enfants peuvent utiliser les images pour faire part de leurs sentiments intimes très profonds et de leurs histoires personnelles.

Le Collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse proposait un programme d’éducation artistique. J’ai donc décidé de déposer ma candidature. Après avoir obtenu ce diplôme, j’ai commencé ma carrière d’enseignante au sein du système scolaire d’Halifax. Trois ans plus tard, j’ai pris un congé pour commencer mon baccalauréat en beaux-arts grâce au programme d’enseignement hors campus du Collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse, ce qui m’a permis de voyager, d’étudier et de travailler à l’étranger. J’ai déménagé à Londres, en Angleterre, où j’ai trouvé un emploi au British Museum of Natural History (Musée britannique d’Histoire naturelle). Le fait d’être plongée dans un environnement visuel et culturel aussi riche a laissé une trace indélébile dans mon intérêt pour l’art. Lorsque je regarde mon travail, je peux encore voir les influences des dessins et aquarelles que j’étudiais à Londres ou les traces laissées par mes visites du Victoria and Albert museum, qui abritait des collections d’œuvres d’artistes comme Turner et Constable.

Après avoir travaillé, étudié et voyagé en Europe, je suis rentrée au Canada et j’ai accepté un emploi en tant qu’enseignante coordinatrice d’art dans les écoles locales et le centre d’art de St Andrews, au Nouveau-Brunswick. Lorsque j’occupais ce poste, mon intérêt pour la conception et l’enseignement de programmes artistiques, l’organisation d’expositions et la collaboration avec des artistes s’est renforcé. Les travaux créatifs d’artistes locaux et régionaux, par exemple, ont été à la base de recherches artistiques que j’ai effectuées dans le cadre de la réalisation de films documentaires.

Je peux dire que ces premières années, merveilleusement stimulantes et enrichissantes, en tant qu’enseignante, voyageuse et artiste m’ont menée sur la bonne voie pour devenir éducatrice en art au niveau postsecondaire.

J’ai repris mes études à l’université pour obtenir une maîtrise ès arts en éducation artistique à l’Université de la Colombie-Britannique. Le sujet de ma thèse était le résultat des années que j’ai passées en tant que coordonnatrice et au cours desquelles j’ai été exposée aux problèmes et aux peurs que rencontraient les enseignements qui devaient enseigner des matières créatives comme l’art en ayant peu ou pas de connaissances dans ce domaine d’enseignement.

Une fois diplômée, j’ai accepté un poste en tant qu’éducatrice en art au Collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse. Au cours de cette période, j’ai continué à effectuer des recherches sur le concept de la pratique créative afin de documenter mes cours et de façonner mon intérêt pour l’art visuel.

À plus d’une occasion, j’ai repris l’enseignement en école publique. Après quatre années passées au Collège d’art, j’ai accepté un poste à l’école secondaire de Fredericton. Les cours en école publique ont toujours été pour moi un « laboratoire » pour explorer des possibilités créatives et des sujets de recherches. Par exemple, une activité périscolaire que j’ai lancée pour les nouveaux arrivants s’est avérée être le catalyseur de ma thèse de doctorat. Des élèves venant de Chine, d’Amérique centrale, d’Iran et de Singapour assistaient à mes cours chaque semaine. Ensemble, nous explorions leurs mondes et échangions ouvertement à ce sujet. À partir de cette expérience très enrichissante sur le plan culturel, j’ai décidé d’étudier la façon dont la compréhension interculturelle peut être améliorée grâce aux échanges et aux discussions sur les images culturelles des élèves. Ma thèse de doctorat a mené à la création d’une ressource provinciale sur l’éducation artistique pour enseigner la compréhension interculturelle.

4) Parlez-nous d’un ou deux de vos projets actuels.

Je travaille actuellement sur l’achèvement d’une série de films sur les pratiques créatives d’artistes visuels importants au Nouveau-Brunswick. À ce jour, j’ai traité les œuvres de 11 artistes comme Molly et Bruna Bobak, Romeo Savoie, Herminigilde Chiasson, Suzanne Hill et Fred Ross. J’espère que ces films présenteront aux élèves et au public une nouvelle façon de découvrir le monde et la richesse découlant de la pratique créative.

Je travaille également sur un autre projet. Il s’agit de la révision finale et de la publication d’un texte intitulé « Creative Practices in Teaching and Learning in the 21st » (Pratiques créatives dans l’enseignement et l’apprentissage au 21e siècle). Ce projet émane de la constatation de l’absence de textes canadiens de niveau postsecondaire sur ce sujet.

5) Comment vos recherches ou votre travail peuvent-ils contribuer, selon vous, à l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes?

Mon travail pourrait avoir un effet positif sur les décisions prises par les responsables de politiques publiques dans le domaine de l’éducation artistique et de l’art. Davantage de recherches sont nécessaires pour appuyer les décisions prises au sujet du financement des arts et des industries créatives en général.

Mes recherches, mon enseignement et mes compétences de dirigeante dans le domaine de la créativité pourraient avoir une incidence importante sur les politiques publiques alors que notre province évolue vers un avenir économique et culturel plus créatif et novateur. Dans le cadre de mes travaux et de mes recherches en tant qu’éducatrice en art à l’UNB, et plus récemment, en tant que présidente de l’Atlantic Centre for Creativity (Centre pour la créativité de l’Atlantique), il est essentiel que je prenne part à la discussion sur la créativité et l’innovation et que j’aide à trouver des moyens d’explorer ces concepts par le biais d’initiatives interdisciplinaires.

6) Décrivez-nous certaines de vos réalisations passées qui ont été importantes dans votre cheminement professionnel. Ont-elles contribué à promouvoir des politiques publiques fondées sur des données probantes?

Tout au long de ma carrière, j’ai considéré que ma capacité à inculquer à mes élèves une confiance quant à leurs aptitudes créatives était une importante réussite. Ma passion pour l’enseignement a été reconnue à plusieurs reprises. J’ai reçu le Province of New Brunswick Award for Excellence in Art Education (Prix de la province du Nouveau-Brunswick pour l’excellence en éducation artistique) en 1997. Quelques années plus tard, j’ai reçu le prix UNB Allen P. Stuart award for excellence in teaching (Prix du Dr Allan P. Stuart pour l’excellence en enseignement de l’UNB), et j’ai été sélectionnée à deux reprises pour le prix Award of Distinction in Teaching Excellence in Atlantic Canada (Prix de distinction pour l’excellence en enseignement au Canada atlantique).

En plus d’enseigner, j’ai été une fervente porte-parole des initiatives d’éducation artistique communautaires entreprises par les galeries d’art, les centres d’art et les musées du Nouveau-Brunswick. Pour récompenser mon travail communautaire en tant que présidente de deux centres d’art, présentatrice, instructrice et porte-parole régulière dans le domaine de l’éducation artistique, en 2014, j’ai reçu le prix Art Educator of the Year Award (Prix d’éducatrice en art de l’année), décerné par la Société canadienne d’éducation par l’art. La promotion de l’éducation artistique et de la créativité par l’intermédiaire du système éducatif et à l’échelle de la collectivité a été une activité essentielle dans ma carrière.

Grâce à mon travail en tant que membre de divers comités, des modifications ont été apportées aux programmes d’études à l’échelle provinciale et aux documents politiques liés à l’éducation artistique et aux beaux-arts. Les preuves collectées par les éducateurs en art au fil des ans ont permis de justifier l’apport de modifications aux politiques éducatives et ont aidé à adopter des approches et solutions plus créatives en matière de programmes d’éducation artistique de l’école publique et du secteur privé.

7) Décrivez en quelques phrases comment vous avez participé aux activités du RRPSNB et comment votre relation avec le Réseau a contribué à votre travail ou à vos recherches et/ou aux politiques sociales/économiques.

Le RRPSNB m’a beaucoup aidée avec le processus de demandes de subventions du CRSH; deux demandes que j’ai présentées dans le cadre de projets avec Doc Talks et l’Atlantic Centre of Creativity. Le RRPSNB m’a également aidée à obtenir une subvention accordée par ARTSNB pour un récent projet de film.

8) Auriez-vous quelque chose à ajouter, un mot de la fin?

La conviction que chaque personne peut enrichir sa vie grâce à la créativité m’a accompagnée tout au long de ma carrière en tant qu’éducatrice en art et en créativité. J’espère que les programmes éducatifs à tous les niveaux offriront aux élèves plus de possibilités de développer la pensée critique et créative. Les élèves témoignent souvent du changement qui s’est opéré dans leurs vies lorsqu’ils ont commencé à penser autrement, à prendre des risques, à explorer des façons créatives de résoudre des problèmes ainsi que de nouveaux moyens d’expression.


Copyright 2013
A Ginger Design